Avocats en dissolution liquidation societe à Paris : Expertise et conseil
La dissolution d’une société marque la première étape du processus d’extinction de la personne morale conduisant à la cessation définitive de son activité et à la disparition de son existence juridique. La dissolution peut résulter de causes multiples : arrivée du terme statutaire, réalisation ou extinction de l’objet social, décision volontaire des associés, dissolution judiciaire prononcée pour justes motifs ou liquidation judiciaire. L’article 1844-7 du Code civil énumère les principales causes de dissolution applicables à toutes les formes de sociétés. Le Tribunal judiciaire de Lyon a rappelé ces causes dans un arrêt du 30 juillet 2024 (n 23/01632).
La dissolution ouvre la période de liquidation pendant laquelle la société subsiste pour les besoins de cette liquidation mais ne peut plus exercer son activité normale. Un liquidateur est désigné pour réaliser l’actif, apurer le passif et répartir le boni de liquidation entre les associés ou constater une insuffisance d’actif. Le Tribunal judiciaire de Paris précise que la désignation du liquidateur obéit à l’article 1844-8 du Code civil et à une procédure spécifique (TJ Paris, 24 octobre 2024, n 24/51527). La Cour d’appel de Poitiers rappelle que la responsabilité du liquidateur peut être engagée pour fautes dans l’exercice de ses fonctions selon l’article L.237-12 du Code de commerce (CA Poitiers, 17 juin 2025, n 24/01751).
Le Cabinet Kohen Avocats accompagne les dirigeants, associés et liquidateurs dans toutes les opérations de dissolution et de liquidation de société. Notre expertise couvre le conseil sur l’opportunité de la dissolution, la rédaction des résolutions d’assemblée générale extraordinaire, la désignation du liquidateur, l’accomplissement des formalités de publicité, l’assistance du liquidateur dans sa mission de réalisation de l’actif et d’apurement du passif, l’établissement des comptes de liquidation et la clôture définitive des opérations. Nous sécurisons juridiquement le processus pour éviter tout risque de mise en cause de la responsabilité des organes sociaux.
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QU’EST-CE QUE LA DISSOLUTION ET LA LIQUIDATION ?
Dissolution de la societe :
La dissolution constitue l’événement juridique mettant fin à l’existence de la société et ouvrant la période de liquidation. L’article 1844-7 du Code civil énumère les causes de dissolution communes à toutes les sociétés : arrivée du terme statutaire, réalisation ou extinction de l’objet social, annulation du contrat de société, dissolution par décision des associés, dissolution anticipée prononcée par le tribunal pour justes motifs, liquidation judiciaire, effets d’une fusion ou scission. Le Tribunal judiciaire de Lyon a rappelé ces causes dans un arrêt du 30 juillet 2024 (n 23/01632).
La dissolution volontaire résulte d’une décision de l’assemblée générale extraordinaire des associés adoptée selon les règles de majorité applicables aux modifications statutaires. Cette dissolution peut intervenir à tout moment même avant l’arrivée du terme statutaire si les associés estiment que la poursuite de l’activité n’est plus opportune. La dissolution amiable suppose l’accord de la majorité requise et ne nécessite pas de justification particulière.
La dissolution judiciaire peut être prononcée par le tribunal à la demande de tout intéressé pour justes motifs : mésentente grave entre associés paralysant le fonctionnement de la société, disparition de l’affectio societatis, impossibilité de réaliser l’objet social, violation des statuts ou des dispositions légales. Cette dissolution contentieuse sanctionne les dysfonctionnements graves rendant impossible la poursuite de l’exploitation dans des conditions normales.
Ouverture de la liquidation :
La dissolution ouvre de plein droit la période de liquidation pendant laquelle la société subsiste pour les besoins de cette liquidation. La personnalité morale de la société n’est pas immédiatement éteinte mais se prolonge jusqu’à la clôture des opérations de liquidation. Pendant cette période, la société ne peut plus exercer son activité normale et doit se limiter aux actes nécessaires à la liquidation.
La décision de dissolution doit désigner un liquidateur chargé de conduire les opérations de liquidation. Le Tribunal judiciaire de Paris précise que cette désignation obéit à l’article 1844-8 du Code civil et nécessite une procédure spécifique (TJ Paris, 24 octobre 2024, n 24/51527). Le liquidateur peut être choisi parmi les associés, les dirigeants ou des tiers professionnels selon la complexité de la liquidation. Sa désignation nécessite l’acceptation expresse de l’intéressé.
Les pouvoirs des dirigeants sociaux cessent à compter de la dissolution sauf pour les actes conservatoires urgents accomplis avant la prise de fonction du liquidateur. Seul le liquidateur dispose des pouvoirs pour représenter la société pendant la liquidation et accomplir les actes nécessaires à la réalisation de l’actif et à l’apurement du passif.
Mission du liquidateur :
Le liquidateur a pour mission de réaliser l’actif social en vendant les biens de la société, de recouvrer les créances et d’apurer le passif en payant les dettes sociales. Il dresse un inventaire des actifs et des dettes puis procède aux opérations de réalisation selon l’ordre le plus avantageux pour les intérêts de la société et des créanciers.
La Cour d’appel de Poitiers rappelle que la responsabilité du liquidateur peut être engagée pour fautes dans l’exercice de ses fonctions selon l’article L.237-12 du Code de commerce (CA Poitiers, 17 juin 2025, n 24/01751). Ces fautes peuvent consister en la vente d’actifs à vil prix, le défaut de recouvrement diligent des créances, le paiement de dettes non exigibles au détriment de créanciers prioritaires ou l’établissement de comptes de liquidation inexacts.
Le liquidateur établit des comptes de liquidation retraçant les opérations accomplies et déterminant le résultat de la liquidation : boni de liquidation à répartir entre les associés ou mali de liquidation caractérisant une insuffisance d’actif. Ces comptes doivent être approuvés par l’assemblée générale des associés qui se prononce également sur le quitus du liquidateur et la décharge de son mandat.
Cloture de la liquidation :
La clôture de la liquidation intervient après l’accomplissement de toutes les opérations de réalisation de l’actif et d’apurement du passif. Le liquidateur convoque une assemblée générale des associés pour approuver les comptes définitifs de liquidation et prononcer la clôture. Cette assemblée donne quitus au liquidateur et le décharge de son mandat.
La Cour d’appel de Versailles a traité de la révocation du liquidateur et de la désignation d’un mandataire ad hoc dans le cadre d’une liquidation amiable (CA Versailles, 5 décembre 2024, n 24/01968). Le Tribunal judiciaire de Paris a rappelé que le juge des référés ne peut désigner un liquidateur et que cette désignation nécessite une procédure par requête (TJ Paris, 21 mars 2024, n 23/59279).
La clôture de la liquidation entraîne l’extinction définitive de la personnalité morale de la société. Après la clôture, la société cesse d’exister juridiquement. Les livres et documents sociaux doivent être conservés pendant dix ans par un dépositaire désigné par les associés ou à défaut par le liquidateur. La radiation définitive du registre du commerce et des sociétés est requise pour constater l’extinction de la société.
Comment nous vous accompagnons
POINTS JURIDIQUES CLES
Causes de dissolution :
Les causes de dissolution énumérées par l’article 1844-7 du Code civil comprennent l’arrivée du terme statutaire fixé dans les statuts ne pouvant excéder quatre-vingt-dix-neuf ans. La société peut être prorogée avant l’arrivée du terme par décision de l’assemblée générale extraordinaire. A défaut de prorogation, la société est dissoute de plein droit à l’arrivée du terme.
La réalisation ou l’extinction de l’objet social entraîne également la dissolution. Cette cause s’applique lorsque l’activité pour laquelle la société a été créée est accomplie ou devient impossible à réaliser. Par exemple, une société créée pour réaliser un projet unique est dissoute dès l’achèvement de ce projet sauf modification de l’objet social pour poursuivre une nouvelle activité.
L’annulation du contrat de société pour vice du consentement, incapacité ou violation de règles impératives entraîne sa dissolution rétroactive. La dissolution par décision des associés permet de mettre fin volontairement à la société à tout moment. La dissolution judiciaire sanctionne les justes motifs rendant impossible la poursuite de l’exploitation : mésentente grave, disparition de l’affectio societatis, violation des statuts.
Responsabilite du liquidateur :
Le liquidateur engage sa responsabilité civile pour les fautes commises dans l’exercice de ses fonctions selon l’article L.237-12 du Code de commerce. La Cour d’appel de Poitiers rappelle ce principe dans un arrêt du 17 juin 2025 (n 24/01751). Les fautes susceptibles d’engager la responsabilité comprennent la négligence dans la conservation des actifs, la vente à vil prix, le défaut de recouvrement diligent des créances et l’établissement de comptes inexacts.
Le liquidateur peut également engager sa responsabilité pénale s’il commet des infractions dans l’exercice de ses fonctions : abus de biens sociaux, banqueroute, distribution de dividendes fictifs. La responsabilité fiscale du liquidateur peut être mise en cause s’il n’a pas acquitté les dettes fiscales de la société avant de procéder à la répartition de l’actif.
L’action en responsabilité contre le liquidateur peut être exercée par la société, par les associés ou par les créanciers ayant subi un préjudice du fait des fautes commises. Cette action se prescrit par trois ans à compter de la révélation de la faute. La responsabilité du liquidateur est solidaire avec celle des dirigeants sociaux pour les fautes commises avant la dissolution.
Partage de l’actif et boni de liquidation :
Après le paiement de toutes les dettes sociales, l’actif restant constitue le boni de liquidation à répartir entre les associés. Ce boni se répartit proportionnellement aux droits de chaque associé dans le capital sauf clause statutaire prévoyant une répartition différente. Les statuts peuvent prévoir des clauses de liquidation préférentielle attribuant certains actifs à des associés déterminés.
La répartition du boni s’effectue en numéraire après réalisation de tous les actifs. Toutefois, les associés peuvent convenir d’une répartition en nature attribuant directement certains biens à des associés moyennant soulte si nécessaire pour égaliser les lots. Cette répartition en nature évite les frais de vente et permet aux associés de conserver des actifs qu’ils souhaitent exploiter.
Si le passif excède l’actif, la liquidation se solde par un mali caractérisant une insuffisance d’actif. Dans ce cas, aucune répartition n’intervient et les créanciers subissent une perte égale à la fraction impayée de leurs créances. Les associés ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports sauf engagement personnel de contribuer au-delà dans les sociétés de personnes.
Formalites de publicite :
La décision de dissolution doit faire l’objet de formalités de publicité pour être opposable aux tiers. Un avis de dissolution mentionnant la désignation du liquidateur doit être publié dans un journal habilité à recevoir des annonces légales dans le département du siège social. Cet avis comporte la dénomination de la société, la cause de dissolution, l’identité et l’adresse du liquidateur.
Le dossier de dissolution doit être déposé au greffe du tribunal de commerce dans le délai d’un mois suivant la décision de dissolution. Ce dossier comprend le procès-verbal de l’assemblée générale extraordinaire ayant décidé la dissolution et nommé le liquidateur, l’acceptation du liquidateur, l’attestation de parution dans un journal d’annonces légales et le formulaire M2 dûment complété.
Le greffier procède à l’inscription modificative mentionnant la dissolution et la nomination du liquidateur. A la clôture de la liquidation, un nouvel avis doit être publié et un dossier de clôture déposé au greffe pour procéder à la radiation définitive de la société du registre du commerce et des sociétés.
Conservation des documents sociaux :
Les livres et documents sociaux doivent être conservés pendant dix ans à compter de la clôture de la liquidation. Cette obligation vise à permettre aux intéressés de consulter ces documents pour établir leurs droits ou vérifier les opérations de liquidation. Le dépositaire des documents est désigné par les associés lors de l’assemblée de clôture ou à défaut par le liquidateur.
Les documents à conserver comprennent les statuts, les registres des délibérations, les registres de titres, les livres comptables, les factures et pièces justificatives. Le défaut de conservation ou la destruction prématurée de ces documents peut engager la responsabilité du liquidateur et du dépositaire envers les tiers ne pouvant établir leurs droits.
Tout intéressé justifiant d’un motif légitime peut obtenir communication des documents conservés en s’adressant au dépositaire ou en sollicitant une ordonnance du président du tribunal de commerce. Cette faculté garantit la transparence des opérations de liquidation et protège les droits des créanciers et des associés.
Nos honoraires
COMMENT VOS AVOCATS VOUS ACCOMPAGNENT
Conseil sur l’opportunite de la dissolution :
Nous analysons votre situation pour déterminer si la dissolution constitue la solution la plus appropriée aux difficultés rencontrées. Nous évaluons les alternatives à la dissolution : cession du fonds de commerce ou des parts sociales, restructuration de l’activité, transformation de la forme sociale, mise en sommeil temporaire. Nous vous présentons les avantages et inconvénients de chaque option.
Nous conseillons sur le moment opportun pour prononcer la dissolution en tenant compte de la situation financière de la société, de l’état du marché et des perspectives de cession. Une dissolution anticipée peut permettre de réaliser l’actif dans de meilleures conditions et d’éviter l’accumulation de pertes. Inversement, le maintien temporaire de l’activité peut faciliter la cession en conservant le fonds de commerce.
Nous analysons les conséquences fiscales et sociales de la dissolution : imposition du boni de liquidation, sort des reports déficitaires, fin des contrats de travail, calcul des indemnités de licenciement. Nous proposons des stratégies d’optimisation fiscale et sociale pour minimiser le coût de la dissolution.
Organisation de la liquidation amiable :
Nous organisons la procédure de liquidation amiable en convoquant l’assemblée générale extraordinaire des associés pour décider la dissolution et désigner le liquidateur. Nous rédigeons les résolutions d’assemblée précisant la cause de dissolution, les pouvoirs du liquidateur et les modalités de la liquidation.
Nous conseillons sur le choix du liquidateur en tenant compte de la complexité de la liquidation et des compétences requises. Pour une liquidation simple, un associé ou le dirigeant peut assurer cette fonction. Pour une liquidation complexe nécessitant la réalisation d’actifs importants ou la gestion de contentieux, nous recommandons la désignation d’un professionnel spécialisé.
Nous accomplissons les formalités de publicité de la dissolution : publication d’un avis dans un journal d’annonces légales, dépôt au greffe du procès-verbal de dissolution et de l’acceptation du liquidateur. Nous veillons à l’inscription modificative mentionnant la dissolution et la nomination du liquidateur.
Assistance du liquidateur dans sa mission :
Nous assistons le liquidateur dans l’accomplissement de sa mission. Nous l’aidons à dresser l’inventaire des actifs et des dettes en vérifiant l’exhaustivité et l’exactitude des éléments recensés. Nous conseillons sur les modalités optimales de réalisation de l’actif : vente de gré à gré, vente aux enchères, apport à une société nouvelle.
Nous gérons les contentieux liés à la liquidation : recouvrement des créances impayées, contestation de créances par des tiers, résiliation des contrats en cours, licenciement économique des salariés. Nous négocions avec les créanciers pour obtenir des remises de dettes ou des délais de paiement facilitant le bouclage de la liquidation.
Nous veillons au respect des règles de priorité dans le paiement des dettes : salaires et indemnités de licenciement, cotisations sociales, créances fiscales, créanciers privilégiés, créanciers chirographaires. Nous évitons les paiements irréguliers susceptibles d’engager la responsabilité du liquidateur.
Etablissement des comptes de liquidation :
Nous établissons les comptes de liquidation retraçant toutes les opérations accomplies depuis la dissolution. Ces comptes comprennent un bilan de clôture présentant l’actif réalisé et le passif apuré, un compte de résultat de liquidation récapitulant les produits et charges de la période et un état de répartition du boni ou du mali de liquidation.
Nous déterminons le résultat de la liquidation en comparant le produit de réalisation de l’actif au montant du passif apuré. Le boni de liquidation se calcule en retranchant du produit de réalisation le montant des dettes payées et des frais de liquidation. Ce boni constitue l’actif net à répartir entre les associés selon leurs droits respectifs.
Nous rédigeons le rapport du liquidateur exposant les opérations accomplies et justifiant le résultat de la liquidation. Ce rapport est présenté à l’assemblée générale des associés qui se prononce sur l’approbation des comptes, le quitus du liquidateur et la décharge de son mandat.
Cloture definitive de la liquidation :
Nous convoquons l’assemblée générale de clôture de la liquidation pour approuver les comptes définitifs et prononcer la clôture. Nous rédigeons le procès-verbal de cette assemblée constatant l’approbation des comptes, le quitus donné au liquidateur, la décharge de son mandat et la désignation du dépositaire des documents sociaux.
Nous accomplissons les formalités de clôture : publication d’un avis de clôture dans un journal d’annonces légales, dépôt au greffe du procès-verbal de clôture et des comptes de liquidation, demande de radiation définitive du registre du commerce et des sociétés. Nous suivons la procédure jusqu’à l’obtention de l’attestation de radiation.
Nous organisons la conservation des livres et documents sociaux chez le dépositaire désigné pour la durée légale de dix ans. Nous conseillons le dépositaire sur ses obligations et sur les modalités de communication des documents aux intéressés justifiant d’un motif légitime.
Quelles sont les principales causes de dissolution d'une societe ?
Les principales causes de dissolution énumérées par l’article 1844-7 du Code civil comprennent l’arrivée du terme statutaire, la réalisation ou l’extinction de l’objet social, l’annulation du contrat de société, la dissolution par décision des associés, la dissolution anticipée prononcée par le tribunal pour justes motifs, la liquidation judiciaire et les effets d’une fusion ou scission. Le Tribunal judiciaire de Lyon a rappelé ces causes dans un arrêt du 30 juillet 2024 (n 23/01632). L’arrivée du terme entraîne la dissolution de plein droit sauf prorogation votée avant l’échéance. La dissolution volontaire par les associés peut intervenir à tout moment. La dissolution judiciaire sanctionne les dysfonctionnements graves : mésentente paralysante, disparition de l’affectio societatis, impossibilité de réaliser l’objet. Chaque cause produit des effets juridiques spécifiques et nécessite des formalités adaptées.
La dissolution entraine-t-elle l'extinction immediate de la societe ?
La dissolution n’entraîne pas l’extinction immédiate de la société mais ouvre la période de liquidation pendant laquelle la personnalité morale subsiste pour les besoins de cette liquidation. La société ne peut plus exercer son activité normale mais demeure juridiquement existante jusqu’à la clôture des opérations de liquidation. Pendant cette période, le liquidateur représente la société et accomplit les actes nécessaires à la réalisation de l’actif et à l’apurement du passif. Les contrats en cours peuvent être résiliés ou poursuivis selon les besoins de la liquidation. Les instances judiciaires se poursuivent avec le liquidateur représentant la société. L’extinction définitive de la personnalité morale intervient seulement à la clôture de la liquidation après approbation des comptes définitifs par l’assemblée générale et radiation du registre du commerce et des sociétés. Cette prolongation de l’existence garantit le règlement ordonné des droits de toutes les parties prenantes.
Comment est designe le liquidateur ?
Le liquidateur est désigné par l’assemblée générale extraordinaire des associés qui décide la dissolution de la société. Le Tribunal judiciaire de Paris précise que cette désignation obéit à l’article 1844-8 du Code civil et nécessite une procédure spécifique (TJ Paris, 24 octobre 2024, n 24/51527). La désignation peut porter sur un ou plusieurs liquidateurs choisis parmi les associés, les dirigeants ou des tiers professionnels. Le liquidateur doit accepter expressément son mandat. A défaut de désignation amiable ou en cas de carence du liquidateur nommé, tout intéressé peut demander au tribunal la désignation judiciaire d’un liquidateur. Le Tribunal judiciaire de Paris rappelle que le juge des référés ne peut désigner un liquidateur et que cette désignation relève d’une procédure par requête (TJ Paris, 21 mars 2024, n 23/59279). Le liquidateur désigné judiciairement dispose des mêmes pouvoirs que le liquidateur amiable.
Quels sont les pouvoirs du liquidateur ?
Le liquidateur dispose de tous les pouvoirs nécessaires pour réaliser l’actif social et apurer le passif. Il représente la société vis-à-vis des tiers et en justice. Il dresse l’inventaire des actifs et des dettes puis procède à la vente des biens de la société selon les modalités les plus avantageuses. Il recouvre les créances dues à la société et paie les dettes sociales en respectant l’ordre de priorité légal. Il peut résilier les contrats en cours ou les poursuivre si nécessaire. Il licencie les salariés sauf si leur maintien est utile à la liquidation. Il accomplit tous les actes conservatoires et urgents pour préserver les droits de la société. En revanche, le liquidateur ne peut accomplir d’actes nouveaux étrangers aux besoins de la liquidation sous peine d’engager sa responsabilité. Les associés peuvent limiter les pouvoirs du liquidateur dans la décision de nomination ou par décision ultérieure. Les actes excédant les pouvoirs du liquidateur sont inopposables à la société.
Le liquidateur peut-il etre revoque ?
Le liquidateur peut être révoqué pour justes motifs par décision de l’assemblée générale des associés adoptée selon les règles de majorité applicables aux assemblées générales extraordinaires. Les justes motifs comprennent les fautes dans l’exercice des fonctions, la négligence, l’incapacité à mener la liquidation ou le conflit d’intérêts. La Cour d’appel de Versailles a traité de la révocation du liquidateur et de la désignation d’un mandataire ad hoc dans le cadre d’une liquidation amiable (CA Versailles, 5 décembre 2024, n 24/01968). A défaut d’accord des associés, tout intéressé peut demander au tribunal la révocation judiciaire du liquidateur et la désignation d’un nouveau liquidateur. La révocation ne prive pas le liquidateur révoqué de sa rémunération pour les opérations accomplies avant sa révocation. Le nouveau liquidateur reprend les opérations en cours et poursuit la liquidation. La révocation doit être publiée selon les mêmes formalités que la nomination.
Comment se repartit le boni de liquidation entre les associes ?
Le boni de liquidation se répartit entre les associés proportionnellement à leurs droits dans le capital sauf clause statutaire prévoyant une répartition différente. Les statuts peuvent prévoir des clauses de liquidation préférentielle attribuant certains actifs ou une quote-part majorée du boni à certaines catégories d’associés. La répartition s’effectue en numéraire après réalisation de tous les actifs et paiement de toutes les dettes. Toutefois, les associés peuvent convenir à l’unanimité d’une répartition en nature attribuant directement certains biens à des associés déterminés moyennant soulte si nécessaire pour égaliser les lots. Le partage en nature évite les frais de vente et permet de conserver des actifs utiles. Les associés créanciers de la société ne bénéficient d’aucun privilège et doivent être payés comme les autres créanciers avant toute répartition du boni. Le boni de liquidation constitue un revenu mobilier imposable entre les mains des associés personnes physiques.
Que se passe-t-il en cas d'insuffisance d'actif ?
Si le passif excède l’actif, la liquidation se solde par un mali caractérisant une insuffisance d’actif. Dans ce cas, aucune répartition n’intervient au profit des associés qui ne récupèrent rien de leurs apports. Les créanciers subissent une perte égale à la fraction impayée de leurs créances après épuisement de l’actif disponible. En SARL et dans les sociétés par actions, les associés ne supportent les pertes qu’à concurrence de leurs apports et ne sont pas tenus au-delà sauf engagement personnel de contribution. En société en nom collectif et dans les sociétés de personnes, les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales et peuvent être poursuivis personnellement par les créanciers impayés pour le solde. L’insuffisance d’actif peut justifier l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire si elle résulte d’une cessation des paiements caractérisée. Dans ce cas, le liquidateur amiable doit déclarer la cessation des paiements au tribunal dans les quarante-cinq jours.
Quelles formalites accomplir à la cloture de la liquidation ?
A la clôture de la liquidation, plusieurs formalités doivent être accomplies pour constater l’extinction définitive de la société. L’assemblée générale des associés approuve les comptes définitifs de liquidation, donne quitus au liquidateur, le décharge de son mandat et désigne le dépositaire des documents sociaux pour dix ans. Un avis de clôture de la liquidation doit être publié dans un journal habilité à recevoir des annonces légales mentionnant l’approbation des comptes et le nom du dépositaire. Le dossier de clôture comprenant le procès-verbal de l’assemblée de clôture, les comptes de liquidation et l’attestation de parution doit être déposé au greffe du tribunal de commerce. Le greffier procède à la radiation définitive de la société du registre du commerce et des sociétés et délivre une attestation de radiation. Cette radiation constate l’extinction de la personnalité morale et rend opposable aux tiers la disparition de la société.
Le liquidateur peut-il engager sa responsabilite ?
Le liquidateur peut engager sa responsabilité civile pour les fautes commises dans l’exercice de ses fonctions selon l’article L.237-12 du Code de commerce. La Cour d’appel de Poitiers rappelle ce principe dans un arrêt du 17 juin 2025 (n 24/01751). Les fautes susceptibles d’engager la responsabilité comprennent la négligence dans la conservation des actifs, la vente à vil prix, le défaut de recouvrement diligent des créances, le paiement de dettes non exigibles au détriment de créanciers prioritaires et l’établissement de comptes de liquidation inexacts. L’action en responsabilité peut être exercée par la société, les associés ou les créanciers ayant subi un préjudice. Le liquidateur peut également engager sa responsabilité pénale s’il commet des infractions : abus de biens sociaux, banqueroute, distribution de dividendes fictifs. Sa responsabilité fiscale peut être recherchée s’il n’a pas acquitté les dettes fiscales avant de répartir l’actif. La prescription de l’action est de trois ans à compter de la révélation de la faute.
Combien de temps dure une procedure de liquidation ?
La durée d’une procédure de liquidation varie considérablement selon la complexité de la situation et le nombre d’opérations à accomplir. Une liquidation simple d’une société sans actif ni passif significatif peut être bouclée en deux à quatre mois. Une liquidation comportant la vente de biens importants, le recouvrement de créances contentieuses ou la gestion de litiges peut durer un an ou plus. Les principales étapes comprennent la dissolution et la désignation du liquidateur (un mois), l’inventaire des actifs et des dettes (un à trois mois), la réalisation de l’actif par vente des biens et recouvrement des créances (durée variable), l’apurement du passif par paiement des dettes (un à trois mois), l’établissement des comptes de liquidation et la convocation de l’assemblée de clôture (un mois), les formalités de clôture et de radiation (un mois). Le liquidateur peut demander une prorogation de son mandat si les opérations ne sont pas achevées dans le délai initialement prévu.
Les creanciers peuvent-ils contester la dissolution ?
Les créanciers ne peuvent généralement pas s’opposer à une dissolution volontaire décidée par les associés. Toutefois, si la dissolution est prononcée dans le but frauduleux d’échapper aux créanciers ou si elle intervient alors que la société est en état de cessation des paiements, les créanciers peuvent demander l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire. La dissolution amiable ne fait pas obstacle aux poursuites des créanciers contre la société en liquidation représentée par le liquidateur. Les créanciers conservent tous leurs droits et peuvent obtenir des saisies conservatoires ou des condamnations à paiement. Si le liquidateur ne paie pas les dettes dans l’ordre de priorité légal ou privilégie certains créanciers au détriment d’autres, les créanciers lésés peuvent engager la responsabilité du liquidateur. Après la clôture de la liquidation, les créanciers impayés ne peuvent plus poursuivre la société radiée mais peuvent dans certains cas rechercher la responsabilité personnelle des dirigeants ou du liquidateur pour faute de gestion.
Comment sont traites les salaries lors de la dissolution ?
Les salariés doivent être licenciés lors de la dissolution sauf si le liquidateur estime leur maintien nécessaire pour accomplir certaines opérations de liquidation. Ces licenciements constituent des licenciements pour motif économique résultant de la cessation d’activité. Les salariés bénéficient d’un préavis et des indemnités de licenciement légales ou conventionnelles selon leur ancienneté. Ils peuvent également prétendre aux allocations chômage. Les créances salariales bénéficient d’un privilège et doivent être payées prioritairement par le liquidateur avant les autres créanciers. En cas d’insuffisance d’actif, les salariés peuvent solliciter la garantie de l’AGS (Association pour la Gestion du régime de garantie des créances des Salariés) qui avance les sommes dues dans certaines limites. Le liquidateur doit respecter la procédure de licenciement collectif si le nombre de licenciements atteint les seuils légaux : information et consultation des représentants du personnel, plan de sauvegarde de l’emploi si nécessaire, notification individuelle des licenciements.
Que deviennent les contrats en cours lors de la dissolution ?
Les contrats en cours lors de la dissolution peuvent être poursuivis ou résiliés par le liquidateur selon les besoins de la liquidation. Les contrats à durée déterminée se poursuivent jusqu’à leur terme sauf résiliation anticipée négociée avec le cocontractant. Les contrats à durée indéterminée peuvent être résiliés par le liquidateur moyennant respect du préavis contractuel ou légal. Certains contrats comportent des clauses de résiliation automatique en cas de dissolution de l’une des parties. Ces clauses produisent leurs effets dès la dissolution. Les baux commerciaux peuvent être résiliés par le liquidateur en respectant un préavis de six mois sauf accord du bailleur pour un départ anticipé. Le liquidateur doit privilégier la cession des contrats lorsque cela permet de valoriser l’actif : cession du bail avec le fonds de commerce, cession de contrats de fourniture ou de distribution. Les cocontractants ne peuvent invoquer la dissolution pour résilier unilatéralement les contrats sauf stipulation expresse.
Les documents sociaux doivent-ils etre conserves apres la radiation ?
Les livres et documents sociaux doivent être conservés pendant dix ans à compter de la clôture de la liquidation. Cette obligation légale vise à permettre aux intéressés de consulter ces documents pour établir leurs droits ou vérifier les opérations de liquidation. Le dépositaire est désigné par les associés lors de l’assemblée de clôture ou à défaut par le liquidateur. Les documents à conserver comprennent les statuts, les registres des délibérations, les registres de titres, les livres comptables et les factures. Le défaut de conservation engage la responsabilité du liquidateur et du dépositaire. Tout intéressé justifiant d’un motif légitime peut obtenir communication des documents conservés. Cette conservation garantit la transparence et protège les droits des créanciers et associés pouvant avoir besoin d’établir leurs droits après la radiation. Passé le délai de dix ans, les documents peuvent être détruits.
Peut-on annuler une dissolution deja decidee ?
Une dissolution déjà décidée peut être annulée avant la clôture de la liquidation par décision unanime des associés reconstituant la société. Cette reconstitution nécessite l’accord de tous les créanciers si des dettes ont été payées ou des actifs réalisés. La décision de reconstitution doit intervenir avant la radiation définitive du registre du commerce et des sociétés. Elle emporte annulation rétroactive de la dissolution et rétablit la société dans sa situation antérieure. Le liquidateur cesse ses fonctions et les anciens dirigeants peuvent reprendre leur mandat. Les actes accomplis pendant la liquidation demeurent valables. La reconstitution doit faire l’objet des mêmes formalités de publicité que la dissolution. Cette faculté permet de sauver une société dont la dissolution s’avère prématurée ou dont les perspectives s’améliorent pendant la liquidation. Après la radiation, aucune reconstitution n’est possible et seule la création d’une société nouvelle permet de reprendre l’activité.
L'avocat est-il obligatoire pour une dissolution et liquidation ?
L’intervention d’un avocat n’est pas légalement obligatoire pour réaliser une dissolution et une liquidation de société. Les associés et le liquidateur peuvent accomplir eux-mêmes les formalités. Toutefois, le recours à un avocat spécialisé en droit des sociétés présente des avantages déterminants. L’avocat conseille sur l’opportunité de la dissolution et les alternatives possibles. Il organise la procédure de dissolution en rédigeant les résolutions d’assemblée et en accomplissant les formalités de publicité. Il assiste le liquidateur dans sa mission en le conseillant sur les modalités de réalisation de l’actif et d’apurement du passif. Il gère les contentieux liés à la liquidation : recouvrement de créances, contestations de créanciers, litiges avec les salariés. Il établit les comptes de liquidation et organise la clôture définitive. Il prévient les risques de mise en cause de la responsabilité du liquidateur et des dirigeants. L’expertise d’un avocat garantit la régularité de toute la procédure et évite les erreurs sources de contentieux ultérieurs.